Pages versos

Ces pages versos, qui semblent être des brouillons aléatoires en désordre, sont des ébauches des premiers poèmes et nouvelles de L.M. Montgomery. Quelques-uns de ces textes étaient déjà publiés lorsqu’elle a rédigé Anne en 1905 et 1906; d’autres ont probablement été dactylographiés et conservés ailleurs. Certains brouillons sur des versos montrent ses premières expérimentations : « A Baking of Gingersnaps » (Les biscuits au gingembre) a été sa première nouvelle publiée; elle mettait alors à l’essai les noms de plume Maud Cavendish et Maud Eglinton. Après le chapitre 15, elle comment à écrire Anne au recto et au verso. Pourquoi est-elle passée de feuilles de brouillon à des feuilles vierge?

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265 439 Anne stood among them, bright-eyed and animated as they; but Matthew suddenly became conscious that there was something about her different from her mates. And what worried Matthew was that the difference impressed him as being something that should not exist. Anne had a brighter face and bigger, starrier eyes, and more delicate features than the others; even shy, unobservant Matthew had learned to take note of these things; but the difference that disturbed him did not consist in any of these respects. Then in what did it consist? Matthew was haunted by this question long after the girls had gone ^arm in arm down the long hard-frozen lane and Anne had betaken herself to her books.
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de petites filles s’affairant autour d’Anne quelques instants plus tôt – toutes pimpantes dans leurs robes froncées à la taille, rouges, bleues, roses et blanches – et il se demanda pourquoi Marilla s’entêtait à vêtir affubler Anne de robes si tristement quelconques.

Bien sûr, il existait peut-être une bonne raison. Marilla savait mieux que quiconque et c’était elle s’occupait de l’éducation d’Anne. Vraisemblablement Probablement que cela permettait d’atteindre un but sage et impéén impénétrable. Mais il n’y avait certainement pas de mal à laisser l’enfant avoir une jolie robe, semblable à celles que portait toujours Diana Barry. Matthew décida de lui en offrir une ^T14 Noël n’était plus que dans quinze jours. Une jolie robe neuve constituerait le cadeau idéal. Math Matthew, poussant un soupir de satisfaction, remisa sa pipe et partit se coucher, tandis que Marilla ouvrait toutes grandes les portes pour aérer la maison.

Pas plus tard que le lendemain soir, Matthew

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qui exigeait que l’on pose des questions et que l’on demande des explications, Matthew ressentait l’urgence d’avoir un homme derrière le comptoir. Il irait donc chez Lawson, où il serait servi par Samuel ^ou par son fils.

Hélas! Matthew ne savait pas que Samuel, qui venait d’agrandir son magasin, avait conséquemment engagé une vendeuse; il s’agissait d’une nièce de sa femme, une jeune personne tout à fait pimpante ^V14 Elle était vêtue avec une élégance excessive et portait plusieurs bracelets joncs qui brillaient, cliquetaient et tintinnabulaient à chaque mouvement de ses mains. Matthew, rien qu’à la trouver là, fut complètement décontenancé. Tous ces bracelets balayèrent, d’un seul coup, ce qui lui restait d’assurance.

— Que puis-je faire pour vous ce soir, monsieur Cuthbert? Mlle Lucilla Harris

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semences de foin.

Mlle Harris avait bien entendu dire que Matthew Cuthbert était bizarre. Elle en conclut, à ce moment précis, qu’il était complètement dingue.

—  Nous ne vendons de semences qu’au printemps, l’informa-t-elle, avec hauteur. Nous n’en avons pas pour le moment.

—  Oui, bien sûr, c’est évident, bégaya le malheureux Matthew, en empoignant le râteau et en battant en retraite vers la porte. Arrivé sur le seuil, il se rappela qu’il n’avait pas payé, et, plus misérable que jamais, revint sur ses pas. Tandis que Mlle Harris comptait sa monnaie, il rassembla ses forces pour une dernière tentative désespérée.

—  Eh bien, bon, disons, si ce n’est pas trop vous demander, que je pourrais aussi bien… c’est-à-dire que j’aimerais regarder… acheter du sucre.

— Blanc ou brun? s’enquit Mlle Harris, patiemment.

— Eh bien, brun, disons, murmura Matthew.

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même pas du bon sucre, en plus, il est mal raffiné et trop foncé. Il n’y a habituellement pas de sucre comme ça chez William Blair.

—  Je… je pensais que ça pourrait servir, à l’occasion, dit Matthew, cherchant un moyen de se tirer d’affaire.

Lorsque Matthew eut reconsidéré la question, il décida que l’aide d’une femme lui était absolument indispensable. Il n’était pas question de le demander à Marilla ^W14[.]Ne restait que Mme Lynde, car Matthew n’aurait jamais eu l’audace de s’adresser à une autre femme d’Avonlea. Il se rendit donc chez Mme Lynde, et la brave dame s’empressa de soulager Matthew du poids de cette affaire.

— Choisir une robe que vous pourrez offrir à Anne? Mais bien sûr que je vais m’en occuper. Je me rends à Carmody demain. Avez-vous quelque chose de précis en tête?

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Pendant les quinze jours suivants, Marilla s’aperçut bien que quelque chose trottait dans la tête de Matthew, mais elle n’arriva pas à découvrir de quoi il s’agissait avant le soir de Nol Noël, au moment où Mme Lynde apporta la robe neuve. Marilla sut alors garder son calme, dans l’ensemble, bien qu’elle ait très + prob probablement nourrît des doutes quant à l’explication ^diplomatique avancée par Mme Lynde, à savoir qu’elle n’avait confectionné la robe que pour apaiser les craintes de Matthew qui ne voulait, en aucun cas, qu’Anne évente trop tôt la surprise, ce qui n’aurait pu manquer de survenir si Marilla s’était acquittée de la tâche.

— Voilà donc ce qui rendait Matthew si mystérieux ces deux dernières semaines et qui le faisait rire dans sa barbe, remarqua-t-elle, ^un peu pincée, mais sans acrimonie. Je me doutais bien qu’il s’agissait d’une folie[.]Moi, je dois dire, je ne crois pas qu’Anne ait besoin de robes supplémentaires. Je lui ai confectionné déjà trois bonnes robes chaudes et pratiques, à l’automne, et c’est une pure extravagance que d’en ajouter encore une. ^Z14 Tu ne fais qu’augmenter

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beau jour de Noël? Je suis si heureuse qu’il soit blanc! Un Noël différent ne serait pas vraiment Noël, n’est-ce pas? ^C15 Mais — mais — Matthew, est-ce que c’est pour moi? Oh, Matthew!

Matthew, timidement, venait de sortir la robe de son emballage de papier et la lui montrait, jetant une regard ^désapprobateur Marilla; cette dernière, qui feignait d’être absorbée à remplir la théière, surveillait quand même la scène du coin de l’œil, non sans intérêt.

Anne s’empara de la robe et la contempla, admirative, dans un silence ^révérencieux. Oh, qu’elle était belle! un beau tissu de gloria d’un brun doux, brillant comme de la soie; une jupe aux volants et aux plis ravissantes; un corsage aux nervures finement travaillées, à la dernière mode, et une collerette de dentelle très délicate autour du cou. Mais les manches étaient la plus grande réussite : manchettes jusqu’au coude, avec, plus haut, deux beaux bouffants

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aller avec la robe. Et maintenant, viens, asi assieds-toi!

— Je ne vois pas comment je pourrais déjeuner, dit Anne, avec ravissement. E15 Je préfère me repaître de la beauté de cette robe. Je suis ravie que les manches bouffantes soient encore à la mode. Je crois que je ne m’en serais jamais remise si elles avaient passé de mode avant que je n’en aie eu. ^ Je n’aurais jamais pu être tout à fait satisfaite, après, vois-tu.. C’est bien gentil de la part de Mme Lynde de me donner également ce ruban-là. J’imagine qu’il me faudra devenir une petite fille parfaite, maintenant. C’est dans des moments comme celui-ci que je regrette de ne pas être une fillette modèle et que je me promets de le devenir. Mais, d’une certaine manière, il est difficile de s’en tenir s’en tenir à de bonnes intentions lorsque rôdent les tentations irrésistibles. Et pourtant, je vous jure, je ferai un effort supplémentaire.

Lorsque le déjeuner ordinaire

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et dessous, une paire des plus adorables escarpins de chevreau qui puissent exister, avec des pointes ornées de perles et de rubans de satin et des boucles brillantes.

— Oh, dit Anne, Diana, c’est vraiment trop beau. Je dois rêver!

— Moi, je considère que c’est là un cadeau providentiel, dit Diana. Grâce à ça, tu n’auras pas à emprunter les escarpins de Ruby, qui sont deux pointures trop grands pour toi :
G15
Ce jour-là, les écoliers d’Avonlea furent tous en proie à une activité fébrile, car il fallait décorer la salle de spectacles et procéder à la ^grande répétition finale.

Le concert eut lieu le soir et fut incontestablement un succès. La petite salle des fêtes était pleine; tous les participants s’acquittèrent fort bien de leur rôle, mais Anne fut l’étoile brillante de la soirée, ce que même la jalouse Josie Pye ne put nier.

—  Oh, n’était-ce pas une soirée merveilleuse magnifique?

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M. Allan m’a appelée. Je ne sais vraiment pas comment je suis parvenue à monter sur cette plate-forme. J’avais l’impression qu’un million d’yeux me regardaient, me disséquaient sur place, et j’ai connu un tel trac que j’ai bien cru ne pas pouvoir ouvrir la bouche. Et puis j’ai pensé à mes belles manches bouffantes, et cela m’a redonné courage. H15 J’ai donc commencé à réciter, et ma voix semblait provenir de loin, de terriblement loin! J’avais l’impression d’être un perroquet. C’est une chance que j’aie pu répéter ces textes-là aussi souvent dans le grenier, sinon je n’aurais jamais réussi à les dire en entier. Ai-je gémi comme il le fallait?

—  Oh oui, pour cela, tu as merveilleusement bien gémi, je peux te l’assurer, dit Diana.

—  Quand je me suis assise, j’ai aperçu Mme la vieille Mme Sloane qui essuyait des larmes. C’est extraordinaire de constater qu’on peut ainsi toucher

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pensée pour lui, Diana

Ce soir-là, Marilla et Matthew demeurèrent assis quelques instants près du feu de la cuisine, après qu’Anne fut montée se coucher.

— Eh bien, disons que notre Anne s’est débrouillée que quiconque aussi bien que les autres, dit Matthew, très fier.

— Oui, c’est vrai, concéda Marilla. C’est une petite fille fort intelligente, Matthew. Et, en plus, elle était très jolie. Je n’approuvais pas tele tellement cette histoire de concert, mais, après tout, ça ne semble pas avoir causé le mal que j’appréhendais. De toute façon, j’étais très fière d’Anne, ce soir, mais pas question que je le lui dise.

— Eh bien, moi aussi, j’étais fier, et je le lui ai dit avant qu’elle monte se coucher, fit Matthew. Nous devrions commencer à envisager des plans d’avenir pour elle, un de ces jours, Marilla. Je pense qu’elle aura, à un moment ou l’autre, besoin de quelque chose de plus que l’école d’Avonlea.

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