Pages versos
Ces pages versos, qui semblent être des brouillons aléatoires en désordre, sont des ébauches des premiers poèmes et nouvelles de L.M. Montgomery. Quelques-uns de ces textes étaient déjà publiés lorsqu’elle a rédigé Anne en 1905 et 1906; d’autres ont probablement été dactylographiés et conservés ailleurs. Certains brouillons sur des versos montrent ses premières expérimentations : « A Baking of Gingersnaps » (Les biscuits au gingembre) a été sa première nouvelle publiée; elle mettait alors à l’essai les noms de plume Maud Cavendish et Maud Eglinton. Après le chapitre 15, elle comment à écrire Anne au recto et au verso. Pourquoi est-elle passée de feuilles de brouillon à des feuilles vierge?
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Ses voisins se moquaient de lui et prédisait qu’il se ferait voler tous les fruits d’un verger si éloigné de sa maison. Mais es arbres n’avaient pas encore de fruits et quand ils auraient l’âge d’en porter, il y en aurait suffisamment pour partager.
– Blossom et moi prendrons ce dont nous avons besoin et les gamins auront le reste si les pommes ont plus d’attrait pour eux qu’une conscience en paix, disait le vieux Shaw rêveur et désintéressé.
En revenant de son verger bien-aimé, il trouva dans les bois une fougère d’une espèce rare et la déterra
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avait voulu prendre l’enfant, mais cette suggestion avait rendu le vieux Shaw presque féroce. Il ne donnerait son bébé à personne. Une femme fut engagé pour s’oc s’occuper de la maison, mais c’est le père qui veillait principalement sur le bébé. Il était aussi tendre, fidèle et adroit qu’une femme. Les soins maternels ne manquèrent jamais à Sara et elle devint une créature de vie, de lumière et de beauté, un sujet de ravissement constant pour tous ceux qui la connaissaient. Elle avait sa manière à elle de parsemer la vie d’étoiles. Elle possé était dotée de toutes les caractéristiques qui faisaient le charme
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de ses deux parents, auxquelles s’ajoutait une grande vitalité et une activité qui n’appartenaient qu’à elle. Quand elle eut dix ans, elle fit partir tous les domestiques et s’occupa de la maison de son père pendant six années merveilleuses, années pendant lesquelles ils furent père et fille, frère et sœur, et amis. Sara ne fréquenta jamais l’école, mais son père se chargea, à sa manière, de son éducation. Quand ils avaient terminé leur travail, ils vivaient dans les bois et les champs, dans un petit jardin qu’ils avaient semé sur le côté de la maison qui était à l’abri du vent, ou sur la colline, là où le soleil et
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l’esprit : « Voici la maison de Dieu, voici la porte du ciel. »
Felix baissa son violon et se laissa tomber lourdement sur une chaise près du lit. L’inspiration lumineuse s’estompa sur son visage; de nouveau, il n’était plus qu’un enfant épuisé. Mais M. Leon Stephen Leonard était à genoux, sanglotant comme un enfant et Naomi Clark reposait, immobile, les mains jointes sur sa poitrine.
« J’comprends maintenant, dit-elle très doucement. J’pouvais l’voir avant, et maintenant c’est tellement clair. J’le sens. Dieu est un Dieu d’amour. Il peut pardonner à tout le monde, même à moi, même à moi. Il sait tout c’que j’ai fait. J’ai plus peur de Lui. Il m’aime et me pardonne comme j’aurais aimé et
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une fois ses « études » terminées. Ce n’est qu’après lui avait fait clairement comprendre cela que Sara consentit à partir. Ses dernières paroles à son père, dites dans à travers ses larmes pendant qu’avec sa tante elle s’éloignait dans l’allée, furent :
– Je vais revenir, papa. Dans trois ans, je vais revenir. Ne pleure pas, mais attends-moi.
Il l’avait attendue pendant les trois longues années solitaires qui avaient suivi et pendant lesquelles il ne vit pas une seule fois sa chère petite. Un demi-continent les séparait et Mme Adair s’était opposée
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il ne fallait pas qu’elle fut blessée par aucun changement. Il ne lui vint jamais à l’esprit qu’elle-même pourrait avoir changé.
Et voilà que ces trois années interminables étaient écoulées et que Sara rentrait. Elle ne lui écrivit rien des supplications, des reproches et des larmes de sa tante; elle lui dit seulement qu’elle aurait son diplôme en juin et partirait une semaine plus tard. Le vieux Shaw plongea alors dans la béatitude préparant la maison pour son retour. Assis au soleil sur le banc, l’océan bleu
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maison où elle avait vu le jour lui semblerait bien modeste après les splendeurs de celle de sa tante. Le vieux Shaw marcha dans son petit jardin et regarda toute chose d’un regard neuf. Comme tout était pauvre et simple! Comme la vieille maison était affaissée et délavée par les intempéries! Il entra et monta dans la chambre de Sara. Elle était propre et ordonnée, tout comme elle l’avait laissée an trois ans auparavant. Mais elle était sombre et exigüe; le plafond était décoloré le décoloré, le mobilier, démodé et défraîchi; elle la trouverait pauvre et misérable. Même le
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fille et n’avait pas eu assez de volonté pour la garder près de lui.
– Oh, Blossom, Blossom! dit-il et, en prononçant ce nom, eut l’impression de prononcer celui d’une morte.
Mais a Après quelque temps, le pire de la douleur était passé. Il refuse de croire que Blossom aurait honte de lui; il savait que c’était impossible. Trois années n’avaient pas pu modifier à ce point sa nature loyale, non ni même trente ans. Mais elle aurait changé, elle se serait éloignée de lui pendant ces années brillantes et bien remplies. La présence de son père ne saurait plus la satisfaire. Comme il avait été simple et puéril
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était chaud au soleil. Le vieux Shaw s’y assit en poussant un long soupir et inclina tristement sa tête blanche sur sa poitrine. Il avait pris sa décision. Il dirait à Blossom qu’elle pouvait retourner chez sa tante sans se soucier ne lui, il s’en tirerait très bien et de lui en tiendrait pas rigueur.
Il broyait toujours du noir quand une jeune fille apparut dans l’allée. Elle était grande et droite et marchait d’un pas léger, comme s’il lui aurait été plus facile de voler que de marcher. Elle était brune,
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son cou, et une paire de lèvres vermeilles et chaudes se posèrent sur les siennes; de jeunes yeux débordant d’amour, plongeaient dans les siens, et une voix jamais oubliée, où se mêlaient délicieusement le rire et les larmes, lui disait :
– Oh, Papa, c’est vraiment toi? Oh, je ne peux pas te dire comme c’est bon de te revoir!
Le vieux Shaw la serra fort dans ses bras, trop profondément ébahi et heureux pour parler. Mon Dieu, c’était Blossom, la même Blossom qui était partie trois jours ans auparavant! Un peu plus grande, un peu plus femme,
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mais sa Blossom bien-aimée, non pas une étrangère. C’était pour lui un nouveau ciel et une nouvelle terre que de le voir. « Oh, Petite Blossom!
– Oh, petite Blossom! murmura-t-il, ma petite Blossom!
Sara frotta sa joue contre la manche du manteau délavé.
– Papa chéri, cet instant compense pour tout le reste, n’est-ce pas?
– Mais, mais, d’où est-ce que tu arrives? demanda-t-il, commençant à se remettre de la confusion et de la surprise. Je ne t’attendais pas avant demain.
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Dis-moi que tu n’as pas été obligée de venir de la gare à pied? Et ton vieux père qui était même pas là pour t’accueillir!
Sara éclata de rire, recula, posa le bout des doigts sur lui et se mit à danser autour de lui comme elle avait coutume de le faire enfant, longtemps passé.
– J’ai découvert que je pouvais faire une correspondance plus tôt avec le C.P.A. hier et arriver à l’Île la nuit dernière. J’avais tellement hâte d’arriver à la maison que j’ai sauté sur l’occasion. Bien sûr que je suis venue à pied de la gare, ce n’est qu’à deux milles et chaque pas était une bénédiction. Mes malles sont restées là-bas. Nous irons les chercher demain,
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– Je crains bien n’avoir rien de nouveau, » dit le vieux Shaw d’un air dépité.
Sara battit des mains.
– Oh, je suis si heureuse. Viens, il reste quatre heures avant le coucher du soleil et je veux les remplir de tout ce qui m’a manqué pendant ces trois années. Commençons ici par le jardin. Oh, Papa, par quel sortilège as-tu réussi à faire fleurir le rosier boudeur?
– Aucun sortilège, il a tout simplement fleuri parce que tu revenais à la maison, ma petite, répondit son père.
Ils passèrent un après-midi merveilleux, comme deux enfants. Ils explorèrent
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le jardin, puis la maison. Sara dansa dans chacune des pièces, puis elle tint serré la main de son père quand ils montèrent dans sa chambre.
– Oh, comme c’est bon de revoir ma petite chambres, Papa! Je suis convaincue que tous mes espoirs et rêves d’avant m’attendent.
Elle courut ouvrir la fenêtre et s’y pencha.
– Papa, il n’existe rien de plus ravissant au monde que cette vision de l’océan entre les promontoires. J’ai vu des paysages magnifiques, et puis je fermais les yeux et appelait cette image. Oh! Écoute le vent qui gémit dans les arbres! Comme je me
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me suis ennuyée de cette musique!
Il l’amena au verger, suivant à la lettre son plan de surprise. Il en fut récompensé quand elle fit tout ce qu’il avait rêvé qu’elle fasse, applaudissant et s’écriant :
– Oh! Papa, Mon Dieu, Papa!
Ils terminèrent sur le rivage et quand vint le coucher de soleil, rentrèrent s’asseoir sur le vieux banc du jardin. Devant eux s’étalait l’océan dans toute sa splendeur,^br brillant comme un grand joyau s’étirant brûlant s’étirant jusqu’aux portails à l’ouest. Les grand longues
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falaises situées de part et d’autre étaient d’un pourpre sombre et de soleil laissait derrière lui un arc vaste et sans nuage d’un jonquille flamboyant flamboyant, et d’un rose évanescent. Au-delà du verger, dans un ciel vert et frais, scintillait une planète cristalline, et la nuit déversait sur eux, de son calice aérien, le vin clair de la rosée. Les épinettes se réjouissaient dans le vent, et même les sapins malmenés chantaient la mer. De vieux souvenirs se pressèrent dans leurs cours comme des fantômes lumineux.
– Petite Blossom, dit le vieux Shaw d’une voix mal assurée, es-tu vraiment certaine que tu vas être heureuse
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c’est difficile à croire, comme nous le faisions parfois, que tante Olivia avait été une jeune fille.
Ce jour-là, elle cueillait les roses d’un air absent et faisait tomber les pétales dans son petit panier de foin d’odeur avec l’air d’une femme distraite par quelque chose. Nous nous taisions, sachant que les secrets de tante Olivia nous étaient toujours révélés en temps voulu. Quand les roses eurent été cueillies, nous les portâmes dans la maison, en file indienne, tante Olivia fermant la marche pour ramasser tout pétale que nous aurions pu laisser tomber. Dans la pièce du sud-ouest, où il n’y avait pas de tapis risquant d’être décoloré, nous les étendîmes sur les journaux posés sur le sol. Nous rangeâmes ensuite nos paniers de foin d’odeur