Chapitre n° 16
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Et elle dit que je dois être une vraiment mauvaise, méchante petite fille, et qu’elle ne laissera jamais, mais jamais plus, Diana jouer avec moi. » Oh, Marilla, je suis désespérée, mais désespérée! »
Marilla, stupéfaite, fixait Anne, sans savoir que dire.
– Soûler Diana! dit-elle, quand elle réussit à parler. Anne, est-ce vous que vous on Mme Barry êtes tombée sur la tête? Pour l’amour de Dieu, qu’avez-vous donné à Diana?
– Rien que du cordial à la framboise, dit sanglotât Anne. Je n’ai jamais pensé que le cordial à la framboise pouvait soûler les gens, Marilla, même si on en boit trois gobelets bien pleins, comme l’a fait Diana. Oh, je sais que toute cette histoire fait penser au mari de Mme Thomas! Mais je ne voulais pas soûler Diana, je le jure.
– Soûler, sornettes que cela! maugréa Marilla, en se dirigeant vers le garde-manger du grand salon. Là, sur l’étagère, elle aperçut une bouteille et reconnut tout de suite l’une de celles qui servaient de contenant pour son vin de groseilles maison, celui qui avait trois ans et que tous les habitants d’Avonlea considéraient comme excellent, bien que
ANNOTATION TEXTE
« currant wine » (vin de groseille) : de nombreux ménages n'approuvaient pas la consommation d'alcool ou ne s'y adonnaient pas, mais en conservaient un peu pour l'utiliser comme médicament en cas de maladie.
En 1931, Montgomery écrivait dans son journal : « Fait de la gelée de groseilles rouges. Elle ressemble à des rubis et a un goût aussi bon qu'elle en a l'air. Les groseilles rouges me font toujours penser à ma grand-mère et à son vin de groseilles. J'adore faire des gelées et des confitures et des choses agréables à manger en général. Si je n'avais pas été un pauvre diable d'auteur, je pense que j'aurais fait une excellente cuisinière. » (11 juillet 1931. L.M. Montgomery's Complete Journals: The Ontario Years 1930–1933, p. 179).