Dans les coulisses de l’animation de la cuisine

Elizabeth R. Epperly

Pour permettre à Lillian Xie de créer cette animation apparemment simple de quelques secondes sur l’écriture des paragraphes d’introduction d’Anne of Green Gables, nous avons dû lui fournir de nombreux détails sur Montgomery, la maison Macneill et l’endroit où l’autrice a choisi d’écrire ce jour-là; Lillian a ensuite dû imaginer un scénario qui donnerait vie aux détails.

Lillian a fait des recherches, et nous lui avons indiqué ce qu’elle devait inclure : l’apparence de Montgomery en 1905 (un pince-nez plutôt que des lunettes conventionnelles, les cheveux remontés; le genre de tenues qu’elle aimait porter; elle était droitière); ses habitudes et son processus d’écriture; le genre de plume et de papier qu’elle utilisait; l’endroit où elle était assise ce jour-là; l’aspect et l’orientation de la maison Macneill; le mobilier de la cuisine; l’importance de la cuisine (comme bureau de poste) et la façon dont les visiteurs l’auraient approchée; et enfin, le rayon de lumière oblique qui passait peut-être par la fenêtre ouest.

Lillian a étudié les photographies de Montgomery et de la maison Macneill, notamment la seule photographie existante de l’intérieur de la cuisine. Grâce à la recherche de Donna Jane Campbell, Ph. D., nous avons pu lui fournir un croquis de l’aménagement possible de l’intérieur. Nous avons mesuré l’ancien bâtiment de la cuisine, récemment rendu à la famille Macneill.

Ayant entendu parler de l’amour passionné de Montgomery pour les chats et après avoir vu le chat sur la photo de la cuisine de Montgomery, Lillian a eu l’inspiration de créer le scénario du point de vue du chat. Le chat tigré amène le spectateur dans la cuisine et dérange les premiers moments d’écriture de l’autrice.

Adam Gallant a créé le son pour l’animation. Il a entremêlé le son du chat qui se déplace et son ronronnement, le crépitement du feu dans le poêle à bois, le bruit de l’eau qui bout dans la bouilloire et quelques doux accords de piano; il a aussi inclus le chant de l’espèce d’oiseau qui aurait pu être présent, selon ce que nous avions déterminé. Nous voulions un chant d’oiseau dramatique pour le début de l’animation et avons consulté Eric Edward, de Macphail Woods, qui a suggéré le chant de la grive à dos olive.

Montgomery a mentionné explicitement les circonstances et l’endroit où elle a écrit le début d’Anne of Green Gables, sans toutefois indiquer précisément l’année. Elle s’est souvenue en 1914 de ce qu’elle a appelé une soirée « d’il y a dix ans », ce qui aurait signifié que c’était en juin 1904. Mais, comme l’a expliqué Cecily Devereaux dans l’édition d’Anne publiée par la maison Broadview, Ewan Macdonald a commencé à loger à Cavendish en 1905; il venait d’y déménager et était allé chercher son courrier durant la soirée décrite par Montgomery. N’accordant jamais beaucoup d’importance aux dates ou aux chiffres, l’autrice a plutôt planté le décor en fonction du moment du jour et de l’endroit et a attiré l’attention sur une circonstance vraiment habituelle, en soulignant les mots. Elle s’était assise sur le bout de la table, les pieds sur le divan.

Nous avons dû inventer des détails. À quel endroit de la pièce se trouvait la table sur laquelle Montgomery était assise? Où exactement auraient pu se trouver le divan et la table l’un par rapport à l’autre? À quel moment, dans le coin sud-ouest de la cuisine, se trouvait une trappe qui n’aurait pas pu être couverte? Montgomery faisait-elle face à la fenêtre? Comment? Ou était-elle plutôt assise en oblique par rapport à la fenêtre? Nous savons que Montgomery préférait les plumes Waverley, mais à quoi ressemblait son encrier? À quoi pouvait ressembler le divan de la cuisine? (Nous avons utilisé comme modèle un vieux divan de la maison patrimoniale Green Gables.) Nous n’avons pas reproduit son portfolio, mais nous imaginons qu’il s’agissait simplement d’un cartable rigide plutôt que d’un portfolio plus élaboré.

Nous remercions particulièrement les personnes suivantes :

  • David Macneill, propriétaire et exploitant actuel du Site of Lucy Maud Montgomery’s Cavendish Home, qui nous a permis de photographier l’intérieur de la cuisine et d’en mesurer le plancher, et dont la mère et le père (Jennie et John Macneill) ont créé le site avec amour, en en dédiant le cœur au peuple canadien et aux lecteurs du monde entier pour en faire un lieu historique national;
  • Lillian Xie, qui a porté une attention très minutieuse aux détails et a recréé la scène du point de vue du chat tigré bien-aimé;
  • Donna Jane Campbell, Ph. D., qui a partagé sa recherche, ses mesures et ses dessins portant sur la cuisine et la maison Macneill. Pour trouver une solution possible à l’énigme concernant l’emplacement de la table (par rapport à la fenêtre ouest et au divan), nous avons utilisé les dessins de la Donna Jane  Campbell réalisés pour le constructeur de maquettes Edward Powell, à qui elle avait demandé de créer une maquette à l’échelle de la propriété des Macneill pour en faire cadeau au L.M. Montgomery Institute à l’occasion du dixième anniversaire de l’institut, en 2003;
  • Adam Gallant, qui a ingénieusement mixé et créé des sons;
  • Eric Edward, de Macphail Woods, qui a suggéré d’utiliser le magnifique chant de la grive à dos olive pour créer le son ambiant;
  • Constance Parrish, spécialiste de William Wordsworth et d’Isabella Lickbarrow, pour l’encrier antique représenté dans l’animation.