Chapitre n° 8
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reconnaissante. Eh bien, mon enfant, qu’est-ce qui se passe?
— Je pleure, dit Anne, (commencer subscript)^(fin subscript)(commencer superscript)d’un air ahuri(fin superscript). Je n’arrive pas à comprendre pourquoi. Je suis aussi contente qu’on peut l’être. Et je suis si Oh, et d’ailleurs, contente ne me semble pas du tout être le mot approprié. J’étais contente de voir le Chemin blanc (commencer subscript)^(fin subscript)(commencer superscript)et les fleurs de cerisier(fin superscript), mais maintenant, oh! c’est bien plus fort. Je suis épouvantablement heureuse. J’essaierai d’être la meilleure des filles. Ce sera difficile, j’en suis sûre, car Mme Thomas m’a souvent dit que j’étais foncièrement méchante. Mais, malgré tout, je ferai tout mon possible. Mais pourriez-vous me dire pourquoi je pleure?
— Je suppose que c’est parce que vous êtes toute retournée, toute bouleversée, dit Marilla, d’un ton désapprobateur. Asseyez-vous sur cette chaise et essayez de vous calmer. J’ai bien peur que vous n’ayez les larmes aussi faciles que le rire. Oui, bon, vous pouvez rester ici,
ANNOTATION TEXTE
« but this! » (mais ceci!) : alors que Montgomery place souvent la barre de ses « t » minuscules un espace ou deux après la lettre, dans cette phrase on voit clairement à quelle vitesse Montgomery écrivait. Chaque « t » a l’air un peu différent.
ANNOTATION TEXTE
« cry and laugh far too easily » (les larmes aussi faciles que le rire) : là encore, Marilla renforce les idées dominantes sur les enfants et sur les étalages de sentiments forts. Marilla voit Anne comme une personne « nerveuse » et « sensible », alors que, peut-être pour les lecteurs d’aujourd’hui, elle est simplement émotive. Montgomery avait elle aussi une capacité (et un don) pour les émotions intenses, chose qui se reflète dans son œuvre. Chez Anne, la capacité d'intensité est clairement une richesse et une bénédiction et Marilla représente la voix répressive de la « raison ».