Chapitre n° 5
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— Nous n’allons pas vers la mare des Barry, si c’est ce dont vous parlez. Nous prenons la route de la côte.
— La route de la côte, quelle jolie expression! dit Anne, déjà rêveuse.(commencer subscript)^(fin subscript)(commencer superscript)F3 (fin superscript)Et White Sands, c’est un joli nom aussi; mais je ne l’aime pas autant qu’Avonlea. Avonlea, voilà une charmante appellation. De la véritable musique! Est-ce que c’est loin, White Sands?
— À cinq milles, et, puisque vous avez de toute évidence l’intention de (commencer superscript)bavarder(fin superscript), vous pourriez peut-être vous rendre utile en me parlant un peu de vous-même. G3
J’ai eu onze ans en mars dernier, dit Anne, se résignant, avec un soupir, à s’en tenir aux faits, et rien qu’aux faits. Et je suis née à Bolingbroke, en Nouvelle-Écosse. Le nom de mon père était Walter Shirley, et il était professeur à l’école secondaire de Bolingbroke. Le nom de ma mère était Bertha Shirley. Elle était enseign (commencer superscript)H3(fin superscript)
Notes de LMM
LMM Note F3
Est-ce aussi joli que le nom le suggère? Au moment même où vous avez prononcé les mots route de la côte, je l’ai vue en image dans ma tête, d’un seul coup, comme ça!
LMM Note G3
de ce que vous savez de vous.
— Oh, vous savez, ce que je sais à propos de moi-même ne vaut pas vraiment la peine d’être raconté, dit Anne avec empressement. Mais si vous me laissiez vous dire ce que j’imagine, vous trouveriez cela infiniment plus intéressant.
— Non, je ne veux pas écouter vos histoires imaginaires. Tenez-vous-en aux faits, et rien qu’aux faits. Commencez par le commencement. Où êtes-vous née, et quel âge avez-vous?
— J’ai eu onze ans en mars dernier, dit Anne
LMM Note H3
Walter et Bertha ne sont-ils pas des noms charmants? Je suis très heureuse que mes parents aient porté de beaux noms. Ce serait une telle je pense disgrâce d’avoir un père qui s’appellerait... voyons!... disons Jedediah, ne pensez-vous pas?
— Je suppose que le nom d’une personne n’a guère d’importance, pourvu qu’elle sache se conduire comme il faut, dit Marilla, bien je ne qui se sentait obligée d’inculquer à cette fillette des notions morales saines et utiles.
— Eh bien, voyons, je ne sais pas trop. Anne arborait un air pensif. J’ai lu dans un livre, il y a longtemps, qu’une rose qui porterait un autre nom continuerait d’exhaler un parfum aussi doux, mais je n’ai jamais pu m’en convaincre. Je ne pense pas qu’une rose (commencer superscript)serait(fin superscript) aussi belle si on l’appelait chardon ou puant chou puant. Je suppose que mon père aurait pu être quelqu’un de très bien même s’il s’était appelé Jedediah; mais je suis sûre que ça lui aurait rendu la vie très difficile. Bon, pour continuer, ma mère
ANNOTATION PHOTO
« Shore Road » (la route de la côte) : une route entre Cavendish et North Rustico que Montgomery elle-même connaissait fort bien. Photographie de Montgomery de Cape LeForce », juste à côté de la route Cavendish Shore.
Collections d’archives et collections spéciales, Université de Guelph, Collection L.M. Montgomery
ANNOTATION TEXTE
« a rose by any other name would smell as sweet » (Ce que nous appelons une rose, sous tout autre nom sentirait aussi bon) [dans H3]: allusion à Roméo et Juliette, Acte II, scène ii, lignes 43–44. Le fait qu’Anne peut citer ces vers sans les attribuer à Shakespeare laisse penser qu’elle « l’a peut-être lu dans un livre » par elle-même plutôt qu’à l’école.