Chapitre n° 3
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lui sembla plus propre enc encore.
Marilla posa la bougie sur une table triangulaire à trois pattes et ouvrit le lit.
— Je suppose que vous avez une chemise de nuit? s’enquit-elle.
Anne fit signe que oui.
— Oui, j’en ai deux. L2
— Bon, déshabillez-vous aussi vite que possible, et couchez-vous. Je reviendrai éteindre la bougie dans quelques minutes. Je ne me risquerais pas à vous la laisser éteindre seule. Vous pourriez aussi bien mettre le feu à la pièce.
Lorsque Marilla fut sortie, Anne avisa, d’un œil songeur, ce qu’il y avait autour d’elle. Les murs, blanchis à la chaux, étaient d’une nudité si pénible et si désolante qu’il lui sembla les entendre geindre de douleur. Le plancher était nu, lui aussi, à l’exception d’une natte ronde tressée; elle n’en avait jamais vu de semblable. Dans un coin se trouvait le lit, un lit haut à l’ancienne, avec quatre colonnes noires;
Notes de LMM
LMM Note L2
La directrice de l’orphelinat me les a faites. Elles sont terriblement courtes. Il n’y en a jamais suffisamment dans un orphelinat, donc tout est toujours étriqué, du moins dans un orphelinat pauvre comme le nôtre. Je déteste les chemises de nuit courtes. Mais on arrive à rêver aussi bien dans celles-ci que dans de belles chemises longues, au col garni de frous-frous. Au moins cela me console.
ANNOTATION PHOTO

« A braided mat » (un tapis tressé) : les tapis tressés et crochetés étaient choses courantes dans les maisons de ferme de l’Î.-P.-É. Photographie de Montgomery qui montre le tapis tressé rond et le tapis crocheté de sa chambre, à l’étage, à Cavendish.
Collections d’archives et collections spéciales, Université de Guelph, Collection L.M. Montgomery