Chapitre n° 2
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que je vois que dans l’imagination ne pourrait embellir. J’en ai éprouvé un tel plaisir, juste ici – elle mit une main sur sa poitrine – que cela m’a fait tout drôle, un peu mal, et pourtant, un mal bien agréable. Avez-vous déjà ressenti cela, vous, monsieur Cuthbert?
— Moi, cela m’arrive souvent, chaque fois que je vois quelque chose d’une beauté si souveraine. Mais ils ne devraient pas appeler « l’Avenue »cet endroit si adorable. (commencer subscript)^(fin subscript)(commencer superscript)Ça n’a aucun sens, ce nom-là.(fin superscript) Ils devraient l’appeler, voyons voir, le Chemin blanc des Délices. N’est-ce pas là un beau nom imaginatif? Quand je n’aime pas le nom d’un endroit ou d’une personne, j’en imagine un nouveau, et c’est toujours sous ce nom-là que je me les représente.(commencer superscript) U1(fin superscript) D’autres gens peuvent bien nommer cet endroit « l’Avenue », mais
Notes de LMM
LMM Note U1
Il y avait à l’orphelinat une fillette appelée Hepzibah Jenkins, mais je l’ai toujours appelée, dans mon imagination, Rosalie DeVere.
ANNOTATION TEXTE
« queer, funny ache » (un curieux mal tout drôle) : la « douleur » d’Anne's rappelle « le déclic », un sentiment que Montgomery décrivait comme le soulèvement du « voile fin » qui se trouvait entre elle et « un royaume de beauté idéale ». Dans son autobiographie de 1917, The Alpine Path, Montgomery écrivait : « Je ne pouvais jamais vraiment l’écarter, mais par moments le vent le soulevait et il me semblait voir un aperçu du royaume enchanté qui était au-delà – seulement un aperçu – mais ces aperçus ont toujours donné un sens à la vie. » [Traduction libre] Elle a plus tard donné « le déclic » à une autre héroïne, dans Émilie de la nouvelle lune et les romans qui ont suivi.
En juin 1929, alors qu’elle était encore missionnaire au Japon, Loretta Leonard Shaw racontait dans son journal intime ses expériences de jeunesse à Saint John, Nouveau-Brunswick, ses expériences de beauté en tant que joie et douleur : « Dans les bois, lorsque j'ai vu le rose vibrant des premières fleurs de mai émerger près des bancs de neige, je tombais à genoux en adoration et tout en buvant leur beauté, je me sentais comme un violon balayé par des accords passionnés de joie et de douleur. » [Traduction libre] Lorsqu’elle a dû quitter le Japon en 1939, Shaw a donné à son amie Hanako Muraoka, son cher exemplaire d’Anne of Green Gables. Comme Muraoka, Shaw partageait la sensibilité exquise de Montgomery (et ses héroïnes) à la beauté.