Chapitre n° 18
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avec indulgence. Mais Anne Shirley! Es-tu folle? Reviens immédiatement te mettre quelque chose sur le dos. Tant pis! Autant parler à une sourde. Elle est partie comme ça, sans fichu, sans bonnet. Il faut la voir, là-bas, filer à toute allure dans le verger, avec ses longs cheveux qui flottent derrière elle! Ce sera bien un miracle si elle n’attrape pas la mort!
Anne revint dans le crépuscule pourpre du soir d’hiver, (commencer subscript)^(fin subscript)(commencer superscript)en dansant sur la neige(fin superscript). Au loin, au sud-ouest, une grande étoile à l’éclat précieux de perle trouait le ciel d’or pâle et de rose éthéré (commencer subscript)^(fin subscript)(commencer superscript)au-dessus d’étendues blanches miroitantes que n’assombrissaient, ici et là, que les vallons d’épinettes(fin superscript). Les clochettes des traîneaux qui circulaient entre les collines enneigées lâchaient, dans l’air glacial, leur carillon féerique, mais leur musique n’était pas plus douce que celle qui montait dans le cœur et sur les lèvres d’Anne.
ANNOTATION TEXTE
« purple winter twilight » (crépuscule pourpre du soir d’hiver) : « purple » et « twilight » sont deux des mots préférés de Montgomery. Se moquant d'elle-même, Montgomery fait prévenir la jeune écrivaine Emily Byrd Starr qu'elle aime trop la couleur pourpre. Le crépuscule était le moment de la journée préféré de Montgomery. Il y a quelque 11 descriptions de coucher de soleil ou juste après le coucher de soleil dans Anne… la maison aux pignons verts, et chaque description vivante marque une croissance ou un changement chez Anne. (Voir Elizabeth R. Epperly, The Fragrance of Sweet-Grass, pp. 32-33.)
ANNOTATION TEXTE
« pale golden and ethereal rose » (d’or pâle et de rose éthéré ): Montgomery se passionnait pour les couleurs. Elle aimait également utiliser des fleurs et des pierres précieuses (ainsi que des perles et de l'ambre) dans ses descriptions. Les mots « pourpre », « doré » et « rose » rappellent les couleurs vives utilisées par Montgomery dans la description du voyage d'Anne vers la maison aux pignons verts, dans le deuxième chapitre du livre, avec ses « brumes perles et pourpre », son « crépuscule pourpre », sa « fenêtre rose » et les « nuances spirituelles de crocus, de rose et de vert éthéré » du Lac-aux-miroirs.