Chapitre n° 10
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me mettre à prier, ici, tout de suite, cela irait tout seul.
À cause de cette main, si petite, qui touchait la sienne, Marilla sentit monter dans son cœur quelque chose de chaud et d’agréable, son très, un élan, peut-être, de cette maternité qu’elle n’avait jamais connue. C’était si inhabituel, si doux, qu’elle en fut profondément troublée. Elle s’empressa donc de retrouver ses esprits en énonçant quelque morale sentencieuse.
– Si vous êtes une bonne petite fille, vous serez toujours heureuse, Anne. Et vous ne devriez jamais trouver cela difficile de faire votre prière.
– Faire sa prière est différent n’est pas tout à fait la même chose que prier, observa Anne, absorbée dans ses réflexions. Mais je vais m’imaginer que je suis le vent qui souffle, là-haut, dans
ANNOTATION TEXTE
« Saying one's prayers isn't exactly the same thing as praying » (Faire sa prière n’est pas tout à fait la même chose que prier) : la profondeur de ce commentaire pourrait passer inaperçue pour les jeunes lecteurs, mais elle permet d'expliquer le pouvoir du roman de parler aux lecteurs de tous âges et de les accompagner, par la relecture, toute leur vie.