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Chapitre n° 28 - (VERSO)

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sans grand enthousiasme. Elle eût été enchantée de jouer le rôle principal, certes, si sa sensibilité esthétique, terriblement exigeante, ne lui eût révélé, malheureusement, que ses propres limites risquaient d’altérer la perfection de l’entreprise. Ruby, tu seras le roi Arthur, Jane sera Guenièvre, et Diana sera Lancelot. Mais, pour commencer, vous serez les frères et le père. (commencer subscript)^(fin subscript)(commencer superscript)F16(fin superscript) Il nous faut entièrement couvrir la barque du samit le plus noir possible. Le vieux châle noir de ta mère fera parfaitement l’affaire, Diana.

On lui donna le châle noir. Anne en couvrit le fond de la barque et s’y étendit de tout son long, les yeux clos, les mains croisées sur la poitrine.

— Oh, mais elle semble vraiment morte, murmura Ruby Gillis, jetant un regard inquiet

 

Notes de LMM

LMM Note F16
Nous ne pourrons pas emmener le vieux serviteur muet, il n’y a pas assez de place pour deux lorsque quelqu’un est allongé au fond de la barque.



ANNOTATION TEXTE

« servitor » (serviteur) [dans F16] : un domestique ou un assistant.

ANNOTATION TEXTE

« blackest samite » (samit le plus noir possible) : dans le poème de Tennyson, cette expression laisse entendre le plus riche et le plus lourd des tissus; le samit est un tissu de soie tissé souvent orné de véritables fils d'or ou d'argent. L’imagination d’Anne lui permet de transformer une barque à fond plat et un châle noir en une barge funéraire drapée de soie noire.

ANNOTATION TEXTE

« with closed eyes and hands folded over her breast » (les yeux clos, les mains croisées sur la poitrine) : l’intérêt que Tennyson vouait à ce sujet (ayant publié deux poèmes différents au sujet d’Elaine), allié à l’imagerie tragicomique de ce chapitre, ont été rendu de nombreuses façons différentes dans les diverses adaptations d’Anne. Dans le film de Kevin Sullivan qui date de 1985, on se sert de vers de « Lancelot and Elaine » et de « The Lady of Shalott » dans cette scène (le film débute avec Anne qui récite des vers de ce dernier), cimentant les liens entre chaque texte au point que même d'autres images de « The Lady of Shalott », comme la peinture de John William Waterhouse, sont associées à ce chapitre dans l'esprit de nombreux lecteurs.